Paranormal

Ils veulent être relogés pour cause de hantise !

Comment convaincre son bailleur de vous reloger quand ce qui rend la vie insupportable dans votre appartement est… un fantôme ? C’est le problème très délicat auquel sont confrontés Patricia et David, un couple habitant une HLM dans la petite ville de Replonges, dans l’Ain rapporte Le Progrès. Leur immeuble n’a pourtant rien d’un manoir gothique : construit en 2016, il offre des logements présentés comme «lumineux et spacieux». Mais, tous les spectres ne sont pas forcément respectueux des traditions et des récits de hantise se déroulent fréquemment dans les lieux qui y semblent les moins prédisposés. Les phénomènes décrits par Patricia et David n’ont rien de rassurants, ils sont même si envahissants qu’ils ont bouleversé leur existence : «Ça a commencé par des ombres noires. Puis ça s’est amplifié: la lumière s’éteint, la télé s’allume toute seule, le téléphone se crypte, la vaisselle fait du bruit» explique au Progrès le couple qui précise qu’ils sont obligés d’enfermer leurs affaires dans des cartons pour éviter qu’elles ne soient éparpillées sur le sol. Les incidents sont si nombreux et terrifiants que Patricia et David ont fini par se résoudre à dormir sous une tente installée sur leur balcon !

En désespoir de cause, les locataires ont sollicité un magnétiseur qui affirme avoir décelé l’esprit d’une femme morte au XIXe siècle bloquée en ces lieux. Une assertion difficile à vérifier et assez surprenante puisque l’immeuble, construit sur un ancien hangar, date de 2016. Toujours est-il que l’intervention de ce spécialiste n’a pas mis fin aux activités paranormales et que Patricia et David se sont résolus à demander à leur bailleur social, la Semcoda (Société d’économie mixte de construction du département de l’Ain), de les loger ailleurs. Une demande qui s’est heurtée à un refus sans appel, la Semcoda arguant que les deux locataires précédents ne s’étaient plaints d’aucun fantôme. La situation est donc très pénible pour le couple, qui n’a pas les moyens de se loger dans le privé, d’autant que Patricia doit consacrer beaucoup de son temps à David, handicapé.

Le motif invoqué par la Semcoda est sans doute révélateur d’un certain scepticisme à l’égard du récit de ses locataires mais il témoigne aussi d’une méconnaissance compréhensible de la façon dont surviennent une part importante des épisodes de hantise, qu’ils soient explicables ou pas.

Celui qui touche David et Patricia semble appartenir à la catégorie des poltergeist, mot allemand dérivé de poltern «faire du bruit» et geist «esprit». Les poltergeist se manifestent par une activité plus ou moins discrète selon les cas mais jamais aussi spectaculaire que dans le film homonyme de Tobe Hooper: coups contre les murs, perturbations électriques, objets déplacés. Or, la majorité des experts en paranormal ne les attribuent pas à des esprits défunts mais à une présence bien humaine : celle d’un ou d’une adolescente, souvent -mais pas toujours- émotionnellement perturbée. Pour les auteurs convaincus de la réalité de ces phénomènes, ces manifestations seraient une projection sur l’environnement de l’angoisse du jeune homme ou de la jeune fille par le biais d’une faculté mystérieuse de l’esprit humain, la psychokinésie. Cette capacité à agir sur les objets à distance a souvent été étudiée en laboratoire mais jamais prouvée avec une rigueur suffisante pour emporter la conviction de la communauté scientifique. Ces poltergeists ne sont donc pas attachés à un lieu mais à une personne. Quant à leur déclenchement, il peut être associé à un évènement perturbant comme un divorce, un deuil ou, simplement, à un déménagement mal vécu.

Est-ce le cas de David et Patricia ? Leur histoire connaît en tout cas un curieux précédent survenu en 1996 dans une HLM de Montpellier dont la presse s’était fait l’écho à l’époque. Une mère seule avec ses cinq enfants a demandé à être relogée, expliquant que sa famille était harcelée par une force inquiétante provoquant des incidents très similaires à ceux évoqués par le couple de Replonges (bruits violents d’origine indéfinissable, lampes qui s’allument et s’éteignent seules, télé et fourneaux à gaz s’allumant seuls, chaînes zappant seules, portes s’ouvrant et claquant, linge projeté hors des armoires etc). À la différence de Patricia et David, la locataire avait réussi à convaincre l’office HLM et obtenu un nouvel appartement. Malheureusement, les manifestions ont repris de plus belle dès leur emménagement… Confirmation éclatante que ce poltergeist, qu’il soit de nature paranormale ou explicable par des causes naturelles, n’était pas lié à son lieu de résidence.

Source : Paris Match