Média

La petite fille enterrée avec une tête d’oiseau dans la bouche

En Pologne, une jeune fille de 12 ans a été enterrée au XVIIe siècle avec une tête de pinson dans la bouche. Un rituel funéraire sans précédent et qui reste pour l’instant inexpliqué. 

C’est une énigme à la fois macabre et poétique qui laisse les archéologues perplexes. Pourquoi a-t-on placé la tête d’un pinson dans la bouche de cet enfant décédé il y a 300 ans ? Le squelette a été découvert il y a une cinquantaine d’années dans la grotte de Tunel Wielki, dans le sud de la Pologne. Une découverte déjà intrigante en soi puisque l’usage d’enterrer des corps dans des grottes avait disparu à la fin du Moyen-Âge. Mais que dire de la présence de cette tête d’oiseau révélée par les analyses approfondies du squelette menées au cours des derniers mois ? Il s’agit, selon les archéologues, du seul exemple connu de cette pratique.

Les scientifiques de l’université de Varsovie, qui mènent cette étude publiée fin mai dans la revue allemande Praehistorische Zeitschrift, ont déterminé que la jeune fille est morte à l’âge d’environ 12 ans. Ses os portent la trace d’une croissance interrompue tardivement, sans doute en raison d’une maladie métabolique. Mais ils n’ont remarqué aucun signe de traumatisme et la cause de sa mort reste inexpliquée. La tombe était vide, sans objets funéraires pouvant servir d’indices pour éclairer les circonstances de son décès et de son inhumation.

Des analyses de son ADN ont toutefois permis d’établir que l’enfant était originaire d’une région bien plus septentrionale, de la Finlande ou de la république de Carélie. Sa présence dans le sud de la Pologne pourrait être en rapport avec les grandes invasions suédoises au milieu du 17e siècle dites du « Déluge suédois ». Une garnison suédoise composée en majorité de finnois s’était installée au château d’Ojców, tout près de la grotte de Tunel Wielki. Or, ces hommes d’armes était souvent accompagnés de leur femme et de leurs enfants en vue d’une installation durable sur les territoires conquis.

Ce contexte historique a donc incité les scientifiques à se pencher sur les rites funéraires scandinaves. Malheureusement, aucun des rites connus de ces régions ne correspond précisément à celui de cette jeune fille. Quelques pistes sont cependant à l’étude : en Carélie, un personne qui décédait en pleine forêt n’était pas enterrée dans un cimetière mais dans la forêt où elle avait trouvé la mort. La présence du corps dans la grotte pourrait s’expliquer par cette pratique et l’enfant aurait perdu la vie dans les bois environnants. Quant à cette tête pinson, les archéologues ne peuvent que spéculer : «Notre collègue finlandais, le Dr. Frog, souligne que les oiseaux symbolisaient le voyage de l’âme vers l’au-delà après la mort» explique le Dr. Małgorzata Kot de l’université de Varsovie, co-auteur de l’étude. «Mais aucune sépulture avec des têtes d’oiseaux n’a été découverte dans le Nord-Est de la Scandinavie… » Le mystère reste donc entier.