Une Américaine condamnée pour sorcellerie au 17ème siècle va très probablement être amnistiée grâce au travail d’une classe de collégiens.
Elizabeth Johnson Jr. avait 22 ans lorsqu’elle a été condamnée. En 1693, cette jeune américaine qui vivait dans le Massachusetts a été déclarée coupable de sorcellerie.
Comme plus de 150 personnes cette année-là, elle fut accusée dans le célèbre procès des Sorcières de Salem, au cours duquel la foule, poussée par une hystérie de masse, la haine et le puritanisme, a attaqué des innocents – principalement des femmes – soupçonnés d’avoir des pouvoirs surnaturels. Persuadés que les sorcières pratiquaient la magie noire et étaient animées par le diable, les habitants de la région ont harcelé et humilié les accusés, dont vingt ont été condamnés à mort.
Grâce aux efforts des survivants dont certains ont demandé des réparations légales dans les années 1700, et de leurs descendants, la majorité des sorcières de Salem ont été innocentées de tout crime. Une mesure législative de l’État adoptée en 1957 et modifiée en 2001 a officiellement effacé les dossiers de la plupart des victimes. Mais le nom d’Elizabeth Johnson Jr., lui n’a toujours pas été lavé alors que sa propre mère a bien été innocentée
Dans le cadre de leur classe d’éducation civique, des collégiens ont cherché à comprendre pourquoi la jeune fille n’avait pas bu bénéficier d’une amnistie. Grâce à leurs recherches, les élèves ont compris qu’elle n’avait pas de descendant pour réhabiliter sa mémoire, et que n’étant ni mère, ni épouse, il n’y avait aucune raison à l’époque de blanchir son nom. La classe a également appris qu’Elizabeth avait probablement été accusée de sorcellerie parce qu’elle était célibataire et souffrait peut-être d’un handicap mental. «Cela montre à quel point les gens étaient superstitieux après le procès. Une fois qu’il a été terminé, cela ne voulait pas dire que les gens ne croyaient plus aux sorcières. Ils pensaient toujours qu’Elizabeth en était une et ils ne voulaient pas la blanchir», a confié Artem, 14 ans, à NBC. «Pour réparer un tort, cela vaut la peine de faire tout ça», a déclaré au «New York Times» Carrie LaPierre, l’enseignante de la classe d’éducation civique à la North Andover Middle School, à l’initiative du projet. Le but est de montrer à ses élèves l’importance de la tolérance et de l’acceptation. «C’est quelque chose dont nous parlons beaucoup : l’identité et les stéréotypes et le respect des personnes différentes de vous», a-t-elle commenté. Comparé au reste des accusés, Elizabeth Johnson a toutefois eu de la chance. Elle avait été condamnée à la pendaison en 1693 mais a survécu grâce à l’intervention du gouverneur de l’époque. Au moins 28 membres de sa famille, dont son grand-père, sa mère et plusieurs tantes, ont été accusés de sorcellerie lors des procès. Aucun n’a été exécuté. Elizabeth est morte à 77 ans.Afin de réparer son honneur, les adolescents de 13 et 14 ans ont envoyé des lettres à la sénatrice d’Etat, la démocrate Diana DiZoglio, qui a lancé une démarche pour laver son nom. «C’est important de corriger l’histoire. Nous ne serons jamais capables de changer ce qui est arrivé aux victimes, mais au moins, nous pouvons remettre les pendules à l’heure», a confié la sénatrice à NBC. Dans son projet de réhabilitation, qui devrait être assez facilement adopté, Diana DiZoglio souhaite faire modifier la législation de 1957 en y ajoutant le nom d’Elizabeth Johnson à la liste officielle des personnes graciées. Le dernier de ce procès.